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les images qui illustrent ce voyage et quelques autres sont en grand format
dans les galeries
Ce voyage pyrénéen,
cela fait deux ans que j'en parle. J'ai acheté les cartes et commencé
à préparer mon itinéraire dès mon retour des
Pays-Bas l'année passée. L'objectif est de rallier en cyclo-camping
l'Atlantique à la Méditerranée par les grands cols.
Gilles, un ami et parrain de mon fiston se propose de m'accompagner. Ce
n'est donc pas seul que je pars cette fois-ci.
Gilles
n'a que peu d'expérience du voyage à vélo et n'a
pas vraiment eu la possibilité de s'entraîner comme il l'aurait
fallu, mais qu'importe le plus important n'est-il pas d'essayer. Nous
partons donc à deux en voiture vers chez son frère qui habite
près de Gaillac. De là nous prendrons le train pour St Jean
de Luz avec les vélo et les bagages.
La veille du grand départ, nous faisons une courte rando vers la
gare de Gaillac pour obtenir les renseignements quant à notre voyage
du lendemain. Comme d'habitude la S.N.C.F. est imprécise, elle
ne peut pas nous garantir qu'il y ait un fourgon pour les vélos
dans un des trains que nous devons prendre, et il n'y en a pas d'autre.
Tant pis, on verra demain avec les contrôleurs. Au retour de la
balade nous faisons un petit détour pour inaugurer une longue série
de Ricard en fin d'étape.
Le lendemain nous partons donc de bonne heure vers Gaillac pour y prendre
notre train. A la gare nous pesons nos équipages Gilles son vélo
et ses bagages pèsent 112,5 kg, pour moi la balance indique 137,5
kg. Durant le voyage en train (avec fourgon), je ne me tiens plus, la
montagne approche, Gilles lui regarde de l'autre côté du
train vers la plaine
Un peu excités, surtout moi, nous oublions
de manger avant d'attaquer notre premier col, celui d'Ibardin, nous réalisons
une ascension sans problème, j'ai un peu d'avance sur Gilles mais
il grimpe bien. Au bas de la descente, par contre, j'attends un peu plus
car Gilles a peur des descentes.
Nous repassons en France par le col de Lizuniaga où le petit coup
de barre se fait sentir, mais nous nous retapons vite en mangeant un ou
deux de nos Granny. A l'entrée du village de Sare, je m'arrête
pour une photo et Gilles continue. Nous ne prenons pas le même chemin.
Inquiet de ne pas le trouver, je me mets à arrêter les voitures
pour obtenir des infos sur sa position. Finalement je le retrouve au centre
du village. J'ai repéré à l'avance un camping à
Ainhoa mais quand nous arrivons dans le village, c'est pour apprendre
qu'il n'y a pas de commerce pour
s'approvisionner. Le plus proche se trouve à Dantxarinea, près
d'un autre camping. C'est en fait un ancien free-tax entre les deux postes
frontières mais on y trouve de tout. Durant la nuit, il pleut un
peu, je dors donc très bien, j'aime ça. Par contre au réveil,
la motivation n'y est pas trop et nous traînons un peu.
Nous partons finalement un peu avant midi pour aller prendre notre petit
déjeuner à Ainhoa dans un bar repéré la veille.
Nous nous offrons un gâteau Basque et un café avant d'attaquer
le col de Pinodieta sans réelle difficulté. Nous grimpons
ensuite le col Legarre, à peine plus sérieux pour nous diriger
vers le Pas de Roland. Superbe mais courte gorge que nous traversons avec
plaisir. Vient ensuite la terrible ascension du col Harlepea, avec ses
pourcentages que l'on m'avait annoncés véreux. La bulle
de mon clinomètre montera même jusque 20%. Avec les bagages,
c'est une vraie partie de plaisir et c'est la première fois du
voyage que j'utilise mon 22 * 32. Nous rejoignons ensuite St Jean Pied
de Port par une route plus importante. Le soir nous nous offrons un petit
resto après le Ricard.
Le troisième jour, c'est celui du premier "gros" col,
celui de Bagargui, le soleil est enfin vraiment de la partie et l'ascension
est rude. Dans les 4 premiers km de l'ascension, les pourcentages sont
au-dessus de 10 et Gilles décide que si mon vélo s'appelle
"Grimp'Tout", le sien s'appelle "Grimp'Pas Tout".
Mais
il passe quand même pas mal. Ensuite les pentes sont un peu moins
raides jusqu'au col de Burdincurutcheta notre premier plus de 1000 m.
Au chalet de Cize, après une courte descente, nous faisons une
halte pique-nique un peu trop copieuse pour moi. Il faut dire que nous
nous sommes fait offrir en fin de repas quelques morceaux de lard grillés
par des randonneurs. Nous repartons donc vers notre premier Big (brevet
international du grimpeur) du voyage, mais je souffre d'un léger
point de côté et je dois faire de nombreuses pauses. Gilles
remerciera d'ailleurs ce point de côté qui lui a permis d'atteindre
le sommet en tête de la course et de revendiquer le maillot à
pois en fin d'étape. Pendant que je grimpe, il y a deux vautours
fauves qui tournent au dessus de moi, attendent-ils que je tombe ? Ai-je
l'air si mal en point (de côté)? Au sommet nous faisons une
petite pause avant de nous lancer dans la première grande descente.
Gilles est déjà très impressionné, mais un
touriste vient le rassurer. C'est ici paraît-il que Bernard Hinault
est tombé et qu'il a dû abandonner le Tour de France. Voilà
notre Gilles
en pleine confiance
Il se lance même en tête dans la
descente, je le rattrape, et le dépasse qu'il n'a pas fait 100
m. Durant la descente, je ferai deux petites pauses pour faire refroidir
mes jantes. Je les asperge d'eau pour accélérer le processus.
Au bas de la descente, il reste un bon km de grimpe et nous sommes à
notre ville étape, Larrau. La consigne est de me placer dans un
bar bien en vue et d'attendre Gilles. J'attendrai effectivement un peu
plus de 2 heures un Gilles qui est descendu une bonne partie à
pied. Il a d'ailleurs rebaptisé son vélo "Descend Pas
Tout". Mais je ne serai pas seul à attendre, j'ai rencontré
une bande sympa et les tournées commencent à voler. Il faut
le reconnaître, quand Gilles est arrivé j'étais légèrement
éméché.
Le quatrième jour, notre itinéraire commence par un descente
de 2 km, celle-ci est très roulante et
j'atteins sans peine 62 km/h. Au pied de la descente j'attends Gilles
12 minutes. Il décide qu'à ce rythme là, il abandonne.
Il va retrouver sa voiture près de Gaillac et tenter de me rejoindre
le soir en fonction des infos que je lui fournirai par téléphone.
Je pars donc seul pour une étape qui devrait me permettre de passer
15 cols dont celui de la Pierre St Martin. La route monte continuellement
vers St Engrâce et je mets du temps à trouver mon rythme
mais ça roule bien. Le ciel est plombé et ça semble
ne pas s'arranger. A St Engrâce je me renseigne chez un paysans
qui rentre son foin. Ca craque dans combien de temps là-haut ?
Il me répond que j'ai trois heures avant l'orage. Il faudra donc
supprimer un petit détour prévu pour attraper quelques cols,
mais j'ai le temps de monter à la Pierre St Martin si je ne traîne
pas. Je me lance donc, une bonne demi-heure plus tard, arrivé à
deux km du sommet du col de Suscousse, je vois un éclair devant
moi. Je compte : Un Deux BANG ! moins d'un km. Il n'est pas
raisonnable de continuer, je redescends donc sur la route déjà
mouillée par la pluie. Je comprends alors que les 3 heures promises
devaient être celles que le paysan espérait pour rentrer
son foin avant la pluie. A St Engrâce je m'offre un omelette au
jambon du pays et j'attends que l'orage se calme. Je consulte la carte,
je vais contourner les cols par les vallées et aller me placer
au pied du col de Marie Blanque. La journée est un peu galère,
l'abandon dans ce col, même si je n'y pouvais rien, me reste un
peu dans la gorge. Finalement les pluies diminuent et la fin de l'étape
est même accompagnée d'un peu de soleil. Je me suis renseigné,
il y a un camping à Escot au pied de Marie Blanque. Mais, je constate
à Escot, que celui-ci se trouve à 4 km du sommet, c'est
à dire au sixième km d'ascension. Heureusement les premier
km ne sont pas trop raides ce qui me permet d'arriver au camp avant l'orage
qui revient pour le début de soirée. Je passe la soirée
à attendre Gilles en compagnie des membres d'une colonie de vacances
belge.
Le cinquième jour, mes pieds ont mal supporté la pluie de
la veille, ils sont douloureux, je tente de me soigner et je pars donc
sans bagages, c'est la voiture qui porte. Mon
petit déjeuner consiste en les 4 derniers km, les plus durs, du
col de Marie Blanque. Ces 4 km raides me permettent de traverser les nuages,
arriver au dessus des nuages est toujours pour moi un réel plaisir.
Je descends vers le plateau de Bénou qui se dégage doucement
et offre un joli paysage. A Bielle, je déjeune sérieusement.
Je rejoins ensuite par les petites routes, celle du col d'Aubisque à
Eaux-Bonnes. Dans l'ascension, la principale difficulté sera de
respirer après le passage des moteurs diesel qui me crachent leur
fumée. Il y aura même un automobiliste qui ralentira pour
m'encourager avant de m'envoyer son nuage. Beuk ! Finalement, j'atteins
le sommet de l'Aubisque dans les nuages et le passage du Soulor n'est,
dans ce sens, qu'une formalité. Dans la descente vers Argelès
Gazost, je décide de ne pas attaquer ce soir, vu l'heure tardive,
le col de Spandelle. Ce sera pour un autre voyage. A Argelès nous
choisissons un camping sur papier, la route qui y mène grimpe
avec un maximum à 15%, dur dur en fin de journée. Durant
la nuit nous essuyons un orage et beaucoup de pluie mais le soleil se
lève dans un ciel presque sans nuages.
La sixième étape va nous mener au point culminant du voyage,
le col du Tourmalet, et pourquoi pas, si c'était possible au Pic
du Midi de Bigore. La piste qui y mène est selon les infos que
j'ai reçues, en très mauvais état et interdite à
toute circulation. On verra au col
Le départ sous le soleil
se fait dans la bonne humeur, jusqu'à l'entrée des gorges
de le Luz, tout va même très bien. Mais dans les gorges elles-mêmes,
il y a un trafic épouvantable et l'air est irrespirable, ça
pue la ville
Je ne suis pas à l'aise du tout, les voitures
et camions me frôlent, quand j'arrive à Luz St Sauveur, j'ai
presque la migraine et je me fais une bonne pause avec un grand coca.
J'ai toujours mal aux pieds, j'envoie Gilles à la pharmacie me
chercher un anti-mycosique en crème, ça ira mieux demain.
L'ascension du Tourmalet est moins difficile que je le croyais, elle est
longue, mais les pourcentages y sont rarement excessifs. En fait, seul
le dernier km dans les nuages est vraiment plus difficile. Au col, je
repère l'embranchement de la piste vers le Pic du Midi, j'ai bien
envie de tenter le coup, d'autant plus que je le regretterai si je ne
le fais pas. Je me renseigne, on me répond. "Les
randonneurs sont admis pourquoi pas les cyclistes mais vous devez avoir
un VTT ou vous ne passerez pas". J'ai un VTC nomméGrimp'Tout,
ça passera. On m'avait dit que des ouvriers sur la piste refoulaient
généralement les cyclistes, ceux que je croisent se contentent
de me signifier mon état de folie de grimper là. Je ne l'ignore
pas, tout va bien. La piste n'est effectivement pas terrible mais ça
passe. Grimpt'Tout rencontre la neige un peu avant le col de Sencours.
La piste devient très raide
et j'atteins le Col des Laquets (2650 m) . Après, des randonneurs
m'ont prévenu qu'un éboulement empêchait tout passage
et que le sommet je ne l'atteindrais pas. Je ne tente rien et je redescends
prudemment. Je reviens dans les nuages qui coiffent toujours le col du
Tourmalet et me lance dans la descente. En raison du brouillard je ne
trouve pas la piste qui mène au col des Iris. Qu'importe je ramène
déjà 3 plus de 2000 m. Je retrouve Gilles à St Marie
de Campan et nous campons à 10 km du sommet du col d'Aspin.
La septième étape commence avec des jambes de bois, impossible
de démarrer, pourtant les pentes ne sont pas excessives. A l'embranchemententre
les routes des Cols d'Aspin et de Beyrède, je fais une petite pause
pour boire un bon café. Celui-ci me fais le plus grand bien. L'ascension
du col de Beyrède est monstrueuse, pendant 1,5 km la bulle de mon
clinomètre flirte avec les 14 - 15 %. La route est pleine de trous,
mais je passe bien, je ne suis contrains à mettre le pied à
terre qu'une fois en croisant un camping-car hollandais égaré.
J'atteins le sommet dans les nuages. Suit alors une courte descente et
2 km de grimpe pour atteindre le col d'Aspin. Le sommet du col d'Aspin
correspond aussi au 400ème km du voyage. La route qui mène
à Arreau est fermée aux voitures
cool je vais pouvoir
descendre en paix. Juste une petite frayeur au croisement d'un hollandais
qui semblait avoir ignoré les panneaux. Nous pique-niquons un peu
après Arreau dans la direction du col de Peyresourde. Je grimpe
celui-ci sans problème jusqu'au panneau "reste 2 km".
Là, tombe le coup de massue, il me faudra près d'une heure
pour atteindre le sommet lessivé (pas le sommet, moi). Je décrète
le lendemain jour de repos. Et Gilles me quitte pour remonter chez son
frère passer le week-end.
Il y aura en fait deux jours de repos, le premier parce que j'en ai besoin,
le second car la météo n'est pas encourageante. Le soir
du premier jour, je profite
de l'ouverture récente du premier cyber-café de Bagnère
de Luchon pour envoyer quelques messages et consulter la météo.
Neige dès 2400 m, vent fort, sommets bouchés, pluie
Je rencontre aussi dans le bar en question, un patron sympa et Nicolas
et Carine avec qui je passe une soirée bien arrosée. Le
deuxième jour de repos, je le passe à lire sous la tente
jusqu'à ce qu'il arrête de pleuvoir, je tente alors de faire
un peu sécher les vêtements humides. La pluie revient à
la nuit, on verra demain mais j'ai envie de bouger quoi qu'il arrive.
Le dixième jour, départ mouillé mais sans pluie vers
le col du Portillon pour un second passage en Espagne. La météo
n'est pas mauvaise, il ne fait pas chaud, les éclaircies sont timides
mais il ne pleut pas et c'est le principal. Dans les premiers lacets de
la descente du Portillon, j'aperçois clairement la neige sur les
sommets. Je remonte vers la France par une route plus importante mais
pas trop désagréable que je quitte dès la frontière
pour me diriger vers le col d'Artigascou. Durant l'assension, le soleil
sort un peu plus franchement et je m'arrête, histoire de déplier
la tente et de la sécher un peu, nous sommes au 500ème km
du voyage. Du col d'Artigascou c'est une piste en état convenable
qui mène au Mourtis et au col de Menté. C'est la première
fois que je fais de la piste avec les bagages, à refaire. Au sommet
du col de Menté, premier sommet du Big que j'atteins en descente,
je me couvre, le thermomètre indique 7°C. Dans la descente
je vais même regretter pour la première fois de ne pas avoir
emmené mes gants d'hiver. Heureusement, au pied du col de Portet
d'Aspet, où je fais une pause près du monument à
Casartelli, il fait moins froid. Dans la montée de ce col, très
raide dans ce sens, je roule tellement lentement que j'aperçois
sur le talus quelques fraises des bois. Arrêt obligatoire. Au sommet,
je fais une petite halte dans le bar. J'y rencontre
le patron et un copain sérieusement éméchés,
l'un comme l'autre. Le copain voyant mes mollets me dit. "Hé
mon gars c'est pas des mollets que tu as là, c'est des ventres
de lapin !" Et le patron de répondre. "Enceinte le lapin,
enceinte !". Ceux qui me connaissent m'imagineront facilement écroulé
de rire sur le comptoir. J'arrive finalement à Castillon en Couseran
vers 19 h. Le temps de monter la tente et de manger, la pluie est de retour.
La neuvième étape sera la première de deux étapes
difficiles, réalisées sous une pluie presque continue. Quand
je démonte ma tente, il ne pleut pas et elle est presque sèche.
J'ai l'impression que la couche nuageuse monte, ce serait bon signe. Le
temps de déjeuner et de prendre la route et mes espoirs s'envolent,
il pleut. Dans la descente du col de Saët, je commets ma seule erreur
d'orientation du voyage, et je suis bon pour une ascension inutile d'un
bon km, rien de grave. Je passe ensuite les petits cols de Portech et
Catchaudégué sans difficulté. A Seix, il pleut toujours
et je tente de me réchauffer dans un bistrot. La seule info que
je peut glaner sur le col de Latrape, c'est qu'il y pleut. M'étonne
pas, il pleut partout! J'arrive en fin d'après-midi à Aulus-les-Bains
que je rebaptise Aulus-la-Douche à l'office du tourisme, l'employé
a bien ri. Il me renseigne un petit hôtel pas cher où l'on
mange bien. Effectivement c'est pas mal et en tout cas largement suffisant
pour les besoins d'un cyclo-campeur trempé. L'hôtel est essentiellement
peuplé de retraités, et ceux-ci ont froid. C'est cool, ils
obtiennent du chauffage dans les chambres. Je vais donc pouvoir faire
sécher
toutes mes affaires. Je passe la fin de soirée avec Pierre, un
prof de musique de Toulouse et son amie. Je me couche de bonne heure,
espérant sans trop y croire, un arrêt des pluies pour le
lendemain.
Le lendemain, il ne pleut plus, il drache ! (ça c'est du belge,
au Québec on aurait dit, "il pleut à boire debout !").
Je n'ai pas trop envie de me payer une deuxième nuit d'hôtel
et la carte météo montre un timide soleil sur la Méditerranée.
Ca tombe bien c'est là que je vais. Bref je pars. Le temps d'installer
les bagages sur Grimp'Tout et je suis dans le même état d'humidité
que la veille en arrivant. Le moral lui est "à bloc"
donc tout va bien. Dans la longue ascension du col d'Agnes, j'aurais même
droit à environ 5 minutes sans pluie, on se prend à rêver
et si ça se dégageait. Les simples ruisseaux sont devenus
des rivières, les cascades sont plus qu'impressionnantes c'est
vraiment superbe. J'arrive finalement au col, pour battre dans la descente
mon record inférieur de vitesse, 33 km/h. Entre le col d'Agnes
et le Port de Lers, il y a une auberge où je me réchauffe
et me sèche au feu de bois. Le Port de Lers n'est plus qu'une simple
formalité. Durant la descente, la pluie diminue, finalement s'arrête
et quand j'atteins Vicdessos, la route commence même à sécher.
Là je suis rejoint par Gilles et Valérie, sa copine, pour
passer ensemble la soirée, nous nous offrons un super BBQ couronné
d'un Camembert à la braise
Un délice. Au moment de
se coucher, et pour une bonne partie de la nuit, la pluie
La 11ème étape est la première depuis longtemps à
se dérouler intégralement sous le soleil. Je pars de Mercus
près de Tarascon s/ Ariège par
la route des corniches vers le col de Marmare. La montée vers celui-ci
semble interminable mais pas trop dure, les paysages sur la vallée
sont superbes. Au col de Marmare, je bifurque vers le col du Chioula à
2 km en passant par le col d'En Ferret. Dans la descente, je constate
que mes patins de freins arrières sont tellement usés que
je dois les changer au plus vite. Pas question donc d'attaquer ce jour
le col de Pailhères à 2001m d'altitude. Je descends donc
vers Ax-les-Thermes pour faire un peu de mécanique. Cela rallonge
l'ascension du col de Pailhères de près de 4 km mais qu'importe
on verra demain. Je passe la soirée au bar d'un camping que je
connais bien pour y avoir déjà séjourné deux
fois.
La douzième étape sera la plus dénivelée de
tous mes voyages à vélo, un peu plus de 2500 m pour 112
km. Levé en pleine forme, départ un peu avant 9 heures pour
les 22 km qui me séparent du col de Pailhères. C'est le
premier 2000 que je passe avec les bagages, c'est long, lent mais sans
problème. Au sommet je me fais même applaudir par des cyclos
légers qui m'avaient dépassé quelques km auparavant.
La descente est superbe et sinueuse, sur une route bien tracée.
Heureusement que je n'ai pas tenté ça la veille sans frein.
Je m'offre un petit détour par Quérigut où je suis
un peu déçu, il ne reste quasi rien du château. J'attaque
ensuite les cols de Moulis et de Garavel en guise d'entremets. A Roquefort
de Sault je m'arrête pour une bonne
pause, espérant y trouver un bar. Il y en a un mais le patron est
fainéant, me dit un passant, et n'ouvre que quand il le veut bien.
Pour moi il accepte, c'est le principal. C'est un homme rondelet, bon
vivant et hilare bien sympathique avec qui je passe finalement une heure
de repos agréable. Il me reste à franchir dans la journée
le col de Jau, celui-ci a l'air redoutable selon tous les gens rencontrés,
mais comme j'ai passé Pailhères, le plus dur est fait, disent-ils
pour m'encourager. Effectivement, le col de Jau est long mais pas trop
raide. Dans la descente, surviennent une série de petits incidents
heureusement tous bénins. Premièrement, une vipère
se chauffe sur la route, mes roues passent à quelques millimètres,
ouf j'ai eu chaud même si je ne risquais quasi rien. Ensuite vient
une voiture à l'entrée d'un village qui n'était pas
bien à sa droite. Moi un peu fatigué, je glisse en freinant
et touche de ma sacoche la pare-chocs arrière. C'est la chute,
sans gravité mais une des fixations de mes grosses sacoches est
cassée. Je suis obligé de placer les sacoches lourdes à
l'arrière pour pouvoir les fixer avec l'élastique. Le vélo
est un peu moins stable en descente, il suffit de le savoir. J'arrive
finalement à Prades, bien décidé à y dormir.
Le camping est complet, j'explique au garde saoul qu'en montagne, ça
se fait, de garder une petite place, ou d'en trouver une, pour un randonneur
fatigué. Nous ne sommes pas en montagne mais en moyenne montagne
donc ça ne compte pas, c'est complet. Bon si le Canigou est moyen,
il ne doit pas y avoir été souvent. Je reprends la route
vers Espira de Conflent, en voulant mettre mon casque, celui-ci m'échappe
des mains. Un automobiliste sympathique fait même un petit crochet
pour rouler dessus. Je serai vengé, ma lanière c'est enroulée
dans le disque de son frein et il est bon pour démonter. Finalement
j'arrive épuisé et le moral un peu cassé à
Espira de Conflent, le camping est très hollandais, mais la bière
n'est
pas chère et les gars du coin sont sympas. Je me remets assez vite
de cette rude journée.
La treizième étape, la dernière de la traversée
sera la plus longue du voyage. Je pars le matin, un peu cassé par
l'étape et la soirée de la veille. Mon dernier col à
plus de 1000 m, celui de Palomère me semble interminable. Quand
j'arrive enfin au sommet, quelle n'est pas ma surprise d'entrevoir "déjà"
la mer. Voilà que le moral est à nouveau à son maximum.
Dans la descente vers Le Boulou, je "ramasse" encore quelques
cols qui ne me demanderont aucun effort. Mon objectif est d'aller planter
la tente à Sorrède et de rejoindre la mer à vide
pour m'offrir un petit resto à Argelès s/ Mer. Les derniers
km avant la plage, je les ai parcourus dans une euphorie complète,
presque entièrement sans les mains. J'arrive à la plage
au 924ème
km du voyage. Objectif atteint. Après le resto, il est 22 h 30,
j'ai envie d'une petite ballade de nuit. L'objectif véritable du
voyage, ce n'est pas la mer, c'est Collioure à quelques km de là.
Alors va pour Collioure. Collioure, contrairement à Argelès
est superbe, mais tout aussi infestée de monde. Je m'offre une
pause dans le port et un bon Ricard. Je rentre finalement à la
tente avec 128 km dans les jambes vers 3 heures du matin.
Le lendemain de mon arrivée à la mer, je m'offre une petite
balade de 30 km pour aller me tremper dans les vagues, il ne fait pas
très chaud et les trempettes sont de courte durée. J'avais
prévu au départ de remonter en montagne quelques jours avant
de rentrer, mais avec une sacoche cassée et pas de casque, il n'est
peut être pas raisonnable de se taper des plus de 2000 sur piste.
Je garde donc cet itinéraire en réserve pour une prochaine
fois. Je vais juste encore faire une bonne randonnée à vide
puis je rentre.
Le dernier jour, je pars donc pour une ultime rando de ce raid, au programme,
la Tour Madeloc, redoutable Big et quelques petits cols autour d'elle.
L'ascension n'est pas encore redoutable au début, mais la chaleur
et le soleil si. Le plus difficile avant le dernier km sera de bien doser
l'eau que je bois pour qu'il m'en reste encore un peu une fois au sommet.
Le dernier km, lui par contre est vraiment monstrueux. Les pavés
en moins, il m'a fait penser au Mur de Grammont près de chez moi,
des rampes à près de 20% (max 21% selon ma bulle), l'horreur
sous cette chaleur. Pour arriver au sommet et à la tour, il faut
franchir une petite barrière, mais ce ne semble pas interdit aux
vélos. Je redescends par Banuyls où je m'installe dans un
bar pour regarder la fin de l'étape du Mont Ventoux et me désaltérer
un bon coup. Je rentre ensuite à Sorrède pour préparer
mes bagages en passant par la gare. L'info que l'on me donne est toujours
aussi imprécise, il y a un train jusque Paris, après débrouillez-vous.
A la S.N.C.F. c'est toujours possible. J'achète mon billet
pour Paris.
Le
retour est souvent l'étape la plus difficile du voyage en raison
de l'interdiction d'embarquer les vélos sur les TGV. Vous me direz
qu'en le démontant pour le ranger dans une housse, c'est possible.
Franchement, vous me voyez démonter ce monstre de Grimp'Tout, moi
pas. Bref je suis condamné aux grandes lignes. Dans le train entre
Argelès et Paris, je rencontre Nicolas, polytechnicien français,
VTTiste venu récemment à la route. Il s'est offert son premier
séjour en montagne, sur son vélo ultra léger, il
porte un énorme sac à dos
A vide, il s'est cassé
les dents (40 au petit plateau !) dans ses premiers cols. Mais il s'est
juré de revenir. (Et il est revenu, en 2003 avec un trois plateaux
pour une traversée Est Ouest dont il
nous livre le récit) Ah la montagne quand elle vous prend,
elle ne vous lâche plus ! Nous nous séparons à Paris,
mais nous nous reverrons peut-être déjà au festival
du voyage à vélo en janvier. Je rejoins presque facilement
la Gare du Nord. Il a fallu parlementer un peu pour accéder au
RER car c'est encore l'heure de pointe et les vélos sont interdits.
Mais ça passe quand même. A la gare du Nord, je dois me faire
une raison, le seul train que je puisse prendre est un train de nuit pour
Amsterdam via Bruxelles. Je déteste ce train, toujours bondé
ou presque, je ne ferme donc pas l'il, histoire de quand même
veiller au bien-être de Grimp'Tout. Arrivé à la gare
de Bruxelles Midi, je n'ai vraiment plus la force de rallier Silly à
vélo, j'attends donc le premier train et j'arrive à la maison
vers 6 heures du matin avec 1124 km au compteur !
Le voyage en quelques chiffres
Km total 1124
Dénivelée totale : Beaucoup ?
Cols franchis : un peu plus
de 50 mais le compte exact n'est pas terminé
Cols à plus de 2000 franchis : 4
Etape la plus dénivelée
: environ 2500 m sur 112 km
Etape la plus longue : 128,1 km (la dernière vers la mer)
Etape la plus courte : 47,6 km (troisième étape, premier
gros col)
Etape la plus rapide : 17,33 km/h sur 50,4 km (deuxième étape)
Etape la plus lente : 11,78 km/h sur 47,6 km (troisième étape
premier gros col)
Coup de barre : 1 gros quelques
petits
Chute : 1
Crevaison : 0
Km sous la pluie : 180 km
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