A la chasse aux Bigs des Pays Bas - Mai 2004


Toutes les images qui illustrent ce voyage et quelques autres sont en grand format dans les galeries

En ce début d'année 2004, j'ai encore eu une idée lumineuse. Comme je fais beaucoup de vélo et que j'adore nager, pourquoi ne pas participer à des triathlons courtes distances, juste pour m'amuser ? Le problème c'est de courir... Je n'ai jamais été capable de courir quoi que ce soit à l'exception que quelques "cross" scolaires il y a bien longtemps. Me voilà donc avec dans l'idée de pratiquer ce sport nouveaux pour moi, il faut m'entraîner. Le problème c'est que je m'entraîne un peu trop et qu'il arrive ce qui devait arriver, une bonne tendinite au tendon d'Achille. Celle-ci me vaudra quelques déboire pendant près de 2 mois et demi. Mon projet de voyage dans les Vosges en mars a donc avorté. Début mai, après beaucoup de kiné et d'exercices en solitaire, mon tendon va enfin mieux et je peux programmer un nouveau voyage. Je n'ose pas prévoir trop dur, c'est une reprise. Le choix se porte donc vers les Pays-Bas, avec comme objectif grimper les 10 Bigs (côtes du Brevet International du Grimpeur) de ce pays.
Premiers tours de roues dans Bruxelles, rencontre furtive avec une jeune cycliste qui découvre en me voyant, que son moyen de transport quotidien pourrait aussi servir à partir en vacances. Le temps de lui répondre, nos routes se séparent déjà. Je rejoint la Gare du Midi où j'embarque mon vélo vers Arnhem via Roosendaal. Dans le train, je rencontre un Hollandais qui rentre d'un parcours cyclo-voyageur en France, nous parlons évidement vélo en mélangeant mon mauvais néerlandais et son français plus qu'honorable. Nous parlons côtes et Pays-Bas, il me parle particulièrement du Keutenberg, là pour lui ce n'est plus du cyclisme, c'est du cirque ! Je verrai bien, le Keutenberg est au programme du voyage. Arrivé à Arnhem vers le milieu de l'après-midi, je mange mes premiers "kibbeling" (morceaux poisson frits) au marché et je prend la route au cap vers le nord. Mon but est de rejoindre un des camping que je préfère qui se trouve dans la réserve naturelle de la Howe Veluwe, magnifique parc à voir absolument, c'est la que j'ai appris à camper, il y a bientôt 30 ans. J'arrive au camp en début de soirée après avoir un peu flané en route.
Le deuxième jour, je prévois de rouler sans bagages et d'aller grimper les deux Bigs les plus proches du camping. Je pense en avoir pour maximum 70 km et prend la route en milieu de matinée, bien décidé à rouler à mon aise. Je commence par une dizaine de km de piste cyclable dans la réserve, j'ai beau connaître ces paysages par cœur, je ne m'en lasse pas. Je contourne Arnhem pas l'ouest pour rejoindre le Rhin à Heveadorp, pied du "Italiaanseweg" (chemin des Italiens). Ascension sous les bois, courte mais sympathique, avec quelques virages en épingle, on pourrait s'y croire, mais voici déjà le sommet. Je passe acheter quelques provisions à Arnhem et prends la route au cap vers Posbank, deuxième Big de la journée. Pour cela, je dois traverser une partie de la réserve naturelle "Veluwe Zoom", magnifique. Je n'ai aucune carte papier pour ce voyage, uniquement le GPS, et là, comme je suis sur des chemins que sa carte interne ignore, il ne peut pas me servir a beaucoup plus que de me donner un cap à suivre. J'adore cet exercice et arrive sans trop de problème vers le sommet à atteindre par des pistes cyclables traversant de jolis paysages de dunes couvertes de bruyères. . Le règlement du Big me permettrait de le valider, mais j'estime ne pas l'avoir encore mérité, je redescend donc le versant "officiel" m'offre une glace au pied, pour me donner du courage et remonte au sommet de la dune. Je décide ensuite de rejoindre le camping au cap. Arrivé à quelque 7 km à vol d'oiseau, je me rend compte que j'ai oublié de tenir compte d'un paramètre important, pour traverser une autoroute, il faut un pont, et je suis bon pour près de 20 bornes de détour. Le soir je suis fatigué, mais mon tendon semble avoir parfaitement résisté aux près de 100 km effectués. Par prudence, je prévois de rester au même camping une nuit supplémentaire et de profiter de la réserve une journée de plus le lendemain.
Le troisième jour, je fais une trentaine de km de promenade dans la réserve naturelle quasi vide de touristes. J'ai l'occasion d'admirer longuement une harde de cerfs depuis un des observatoires aménagés, je n'ai qu'un seul regret, celui de ne pas avoir de jumelles, mais les bêtes sont tellement proches que c'est sans importance.
Le quatrième jour, je quitte le camping vers le sud, direction Nijmegen et le troisième Big du voyage. La route est sympathique jusqu'à Arnhem, ensuite je suis une piste cyclable le long d'une route à grand trafic, si je suis effectivement en sécurité, quel enfer sonore ! Mais ce n'est qu'un avant-goût de ce qui m'attend le lendemain. De Nijmegen, je rejoints le pied du Oude Holleweg dont l'ascension avec les bagages est une vraie partie de plaisir, malheureusement pour moi, c'est l'heure de la sortie des bureaux, et le trafic est assez intense dans ce petit chemin. Heureusement que la majorité des Néerlandais pratique le vélo sur des pistes aménagées, il y a déjà tellement de voitures dans ce pays que j'imagine l'enfer, s'ils en utilisaient tous une. Le soir je m'installe dans un camping en pleine rénovation et normalement encore fermé. Je passe une bonne nuit dans le jardin du restaurant fermé lui aussi.
Les deux étapes suivantes, sont probablement parmi les pires depuis longtemps, les Pays-Bas que je déteste, plats et rectilignes, heureusement, le vent est légèrement favorable. J'ai rêvé d'une piste cyclable le long de la Meuse, il n'y en a pas. Je pourrait suivre le chemin des écoliers et avoir un parcours un peu moins désagréable que celui des pistes cyclables le long des grands routes bruyantes, mais j'ai décidé de rejoindre au plus vite le sud du Limbourg néerlandais et les Bigs suivants. C'est donc le casque de walkman sur les oreilles que je parcours ces deux étapes pour un total d'environ 180 km. L'heure que je préfère est celle de la sortie des écoles secondaires, il est alors possible de trouver de bons lièvres, profs ou élèves, à suivre pour un bout de chemin à un rythme plus soutenu. Je campe le sixième soir à Valkenburg au pied de Cauberg.
Le septième jour commence par l'ascension en aller-retour du Cauberg, c'est un bon échauffement en prévision du Big suivant. A Valkenburg, je prend la route vers le pied du Keutenberg, la côte de cirque. Et bien avec des sacoches, c'est effectivement du cirque... Pour le sacochard, dans le Keutenberg, il y a deux problèmes. Le premier c'est d'avancer, mais surtout pour avancer, il faut rester sur le vélo. Dans le deuxième hectomètre à 17% de moyenne, je relevrai une pointe au delà de 22 %, même avec de tous petits développements ce n'est pas simple. Vers la fin de la partie raide, je passe mon appareil photo à un piéton pour quelques clichés. Je m'arrête ensuite pour une pause petit-déjeuner, je n'ai encore rien mangé, pas raisonnable tout ça. Je réalise ensuite une petite boucle pour aller grimper l'Eyserbos et Ubachberg, malgré la GPS, je cafouille un peu au pied de ce dernier. Le way-point que j'avais placé d'après une carte vectorielle étant erroné. Je fini par demander mon chemin à un autochtone qui après m'avoir expliqué me dit que de toute façon je ne dois pas aller par là, c'est trop dur... mais je n'en fais qu'à ma tête et grimpe sans problème ce quatrième Big de la journée. J'enchaîne ensuite Gulpenberg, Vijlenberg et Drielandenpunt sans réelle difficulté. Le Drielandenpunt, littéralement, point trois pays, et l'intersection des frontières Belges, Allemandes et Néerlandais, c'est aussi le point culminant des Pays-Bas. De là , je rejoints un camping près d'Eupen.
Le huitième jour, j'entame l'ascension du Signal de Botrange, plus longue côte et Belgique, pour rejoindre son point culminant. Après quelques km, je constate que le moyeux de ma roue avant présente du jeu. Ne sachant pas du tout ce que je risque, je redescends prudemment vers Eupen. Malheureusement, le vélociste local est fermé, je décide donc de prendre le train et de rentrer à la maison. Dans le train, tout ce passe bien jusqu'à la Gare Centrale, le contrôleur avec lequel j'ai un peu discuté est dans un compartiment proche du mien. A la Gare Centrale, il doit se rendre à l'autre extrémité du train et m'oublie à la Gare du Midi, où je devais descendre. Malgré mes grand signes sur le quai, rien n'y fait. Je remonte donc dans le train, il est hors de question d'abandonner Grimp'tout, direction Gand. Je négocie sans grande difficulté un billet gratuit pour Grimp'tout et moi, de Gand à Grammont d'où je pourrai facilement rejoindre la maison. Sur la route du retour, je croise le parcours du championnat junior du Hainaut, j'en profite pour faire vérifier mon moyeux par un mécano... rien de grave en fait, j'aurais pu continuer. En remontant la course, je croise pour commencer les deux leaders, très concentrés, je ne suis pas certain qu'ils m'aient vu. Par contre quand je croiserai le "bus", nous nous encouragerons mutuellement. Tout d'un coup, un spectateur m'appelle par mon prénom, c'est un visiteur de Cyclosite qui m'a reconnu, nous discutons un peu. Puis je reprends la route.

Le bilan du voyage est largement positif, mon tendon n'a pas posé le moindre problème, j'ai parcouru 500 km pour 3840 m de dénivelée positive, j'ai résisté aux routes infernales, j'ai grimpé les 10 Bigs que les Pays-Bas offraient et je me suis bien amusé.

Toutes les images qui illustrent ce voyage et quelques autres sont en grand format dans les galeries

Quelques semaines plus tard, je suis retourné en famille à la Howe Veluwe, la réserve met à la disposition des visiteurs des vélos blancs gratuits, ça tombe bien, Cécile l'amie qui nous accompagne n'a pas pris la sien. Nous passons quelques jours à sillonner la réserve avec Hadrien dans la remorque. En tout 115 km et 55 pour Valérie. Nous aurons pendant ce séjour l'occasion de voir plusieurs chevreuils quelques cerfs et biches. Nous aurons aussi pendant la nuit la visite d'un renard à l'affût d'une poubelle oubliée, à quelques mètres de nous dans le faisceau de la lampe, quelle bête magnifique. Hadrien aimait aussi beaucoup les libellules et les canards près des points d'eau.